"ODE A LA VAGUE"...

Encore une fois

mon vers se tourne

vers la vague.

"ODE A LA VAGUE"...

Je ne puis m’empêcher

de te chanter,
mille fois mille,
mille fois, ô vague,
fiancée fugitive de l’océan :
vénus verte,
élancée
tu hisses ta cloche,
et de là-haut,
tu laisse
s tomber
des lys.

"ODE A LA VAGUE"...

Ô lame
Incessante
secouée
par
la
solitude
du vent,
érigée comme une
statue
transparente
mille fois mille
cristallisée, cristalline,
et puis
tout le sel à terre :
le mouvement
se fait écume
puis de l’écume la mer
se reconstruit
et d
e nouveau ressurgit la turgescence

"ODE A LA VAGUE"...

Et de nouveau,

cheval,
pure jument
cyclonique
et ailée
la crinière ardente de blancheur
dans l’ire de l’air
en mouvement,
tu glisses, tu bondis, tu cours,
conduisant le traîneau
d
e la neige marine.

"ODE A LA VAGUE"...

Vague, vague, vague,
mille fois mille
vaincue, mille
fois mille dressée
et déversée :
vive
la vague
mille fois immorte
lle
la vague.

"ODE A LA VAGUE"...

Texte de Pablo Neruda, (Tercer libro de las odas, 1957.)

et photos de Didier Lambert

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