*

 

Au cimetière de Berck, puis au Lycée Jan Lavezzari, la lycéenne Elsa Caudron, de 1 ES, a lu son texte écrit à partir de la vie de Joseph René Ernest Lamart, en hommage aux morts de la Guerre 14/18.

Dans le cadre des « 13 jours pour le Centenaire de la Victoire, il méritait d’être publié… Le voici :

*

 

« Joseph René Ernest LAMART. Peut-être avez-vous déjà entendu ce nom. Peut-être même l’avez-vous lu au cœur de ce cimetière, gravé dans la pierre de notre monument aux morts.

*

 

Né en 1899 au Havre, ce jeune homme s’engagea volontairement pour quatre ans en février 1918 en tant que canonnier au vingt-huitième Régiment d’Artillerie de Campagne.

*

 

 Cependant, son acte patriotique, héroïque ne lui permit de célébrer la Victoire. Succombant en effet à une maladie contractée en service, Joseph LAMART s’éteignit le 10 novembre 1918, il y a exactement un siècle.

Mais surtout, ce valeureux canonnier périt la veille de la signature de l’armistice de la Première Guerre mondiale.

*

 

Mourir le premier est évidemment tragique, mais tomber parmi les derniers l’est certainement davantage.

Alors que la chaleur de l’imminente étreinte avec une épouse, un frère, une fille, emplit déjà le cœur gelé du soldat, les doigts squelettiques de la Faucheuse le rattrapent, dissipant tout espoir.

*

 

Jusque la onzième heure, du onzième jour, du onzième mois de l’année 1918, tant d’hommes se battirent si vaillamment et sacrifièrent jusqu’à leur propre vie.

 Ce fut le cas de Joseph LAMART.

*

 

Néanmoins, bien que les combats cessassent avec l’Armistice, la Grande Guerre ne prit fin avec ce cessez-le-feu officiel.

Après avoir mangé, dormi, vécu, aux côtés de la mort pendant plus de quatre longues années, un nouvel ennemi, loin d’être moins redoutable, s’installa alors : le retour à une vie fondamentalement différente de celle d’avant-guerre.

*

 

La reconstruction des villes fut évidemment l’une des premières priorités.

La guerre laissa derrière elle des kilomètres carrés de ravages, de destruction. Mais comment revenir à la vie d’autrefois quand la population demeure plus que jamais meurtrie et changée ?

La mort continua également de roder, même après le 11 novembre 1918, pour n’être définitivement rassasiée qu’après une vingtaine de millions de morts, au total.

*

 

Le quotidien de ceux ayant survécu ne fut pourtant pas moins douloureux.

Un nombre vertigineux de femmes et d’enfants durent accepter la certitude d’être veuves ou orphelins.

D’ autres peinèrent à reconnaître leurs proches, rendus mutilés, amputés, voire complètement défigurés par la guerre, tandis que certains firent face à la folie et furent ainsi contraints d’être internés.

*

 

 La guerre transforme profondément les individus.

Elle les aspire dans son tourbillon infernal pour les en rejeter anéantis, déchiquetés, déshumanisés.

En conséquence, affirmer que la Première Guerre mondiale s’acheva le 11 novembre 1918 serait une erreur.

Seuls les combats prirent fin à cette célèbre date.

 Or, les macabres conséquences de ce conflit se poursuivirent, pendant de nombreuses années encore. Rebâtir les villes et réparer les cœurs ne s’effectuèrent en un jour.

*

 

Aujourd’hui encore, cette douloureuse blessure laisse une large cicatrice dont la suture reste fragile.

 Nous avons tous perdu un proche, plus ou moins éloigné, au cours de cette guerre : un arrière-grand-père, une grand-mère, peut-être même un père.

De cette façon, n’oublions jamais que ce conflit est notre héritage dont la marque indélébile reste gravée dans nos entrailles.

*

 

Honorons la mémoire de tous ces hommes, à l’image de Joseph LAMART, de toutes ces femmes et de tous ces enfants, qui payèrent courageusement de leur vie notre paix actuelle.

*

 

Wilson WOODROW, président des Etats-Unis d’Amérique de 1913 à 1921, déclara à propos de la Première Guerre mondiale : « Je vous promets que ce sera la dernière des guerres, la guerre qui mettra fin à toutes les guerres. ».

*

 

Son ambition fut malheureusement trop grande.

 Assurons-nous donc que ni nous, ni nos descendants, n’aient à endurer les mêmes souffrances que nos glorieux ancêtres. »

 

                                               par Elsa Caudron

Photos: C. Brossard et Rjc@rt

 

 

Retour à l'accueil