LES CRÈCHES DE NOEL... RACONTÉES PAR AUGUSTE LAFORÊT...N° 4
27 déc. 2012*
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*4) "Aujourd’hui , grâce à un ingénieur d’un mérite si éminent, grâce à une dépense que n’avaient faite jusque-là que les états les plus puissants, Marseille a amené un fleuve à ses portes, le premier plan de la Crèche s’est élargi et étendu, la mousse figurant les prairies a remplacé le sable qui figurait au naturel de notre terre alors toujours sèche et altérée, le peuplier pointe hardiment où le pin gracieux arrondissait son dôme de verdure, des jets d’eau s’élancent à l'imitation du jet d’eau de notre plaine Saint-Michel qui a 60 mètres de haut et qu’on aperçoit de trois lieues en mer, et la dernière perspective, le couronnement de la plus haute colline, ce n’est plus un moulin à vent, c’est le troisième monument du globe, c’est notre pont-aqueduc de Roquefavour !
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Et, il en est de même au point de vue historique ; quelle est la Crèche marseillaise qui en 1823 n’a pas eu son Trocadero, remplacé successivement par la casauba d’Alger et la demi-lune St-Laurent de la citadelle d’Anvers ? Quelle est celle qui n’aura pas cette année sa Tour Malakoff ?
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Enfin, par la Crèche, enfants nous sommes devenus hommes, à la Crèche, hommes nous redevenons enfants.
Pères, oncles, grands-oncles et grands-pères surtout nous avons commencé, pour nous faire aimer des fils de nos neveux et des enfants de nos enfants à leur apprendre : "Ludere par, impar, equitare in arundine longâ "
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Quand vient l’âge de la Crèche, et il vient bien vite, c’est nous qui en posons la première pierre ; c’est nous dont la main attentive renouvelle l’eau du blé de la Sainte-Barbe et l’huile de la lampe dont l’un doit verdir et l’autre éclairer le devant de la Crèche jusque à la veille du jour de l’an...
Nous aussi dont la main encore assurée, allume chaque soir toutes les bougies à l’exception de la première que doit allumer le plus jeune de la famille ; c’est nous, enfin, que l’on consulte dans les cas embarrassants et qui sommes appelés à résoudre les questions difficiles.
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Le 4 décembre jour de la Ste-Barbe on a coutume à Marseille de mettre des grains de blé dans des soucoupes avec de l’eau. On place ces soucoupes sur la cheminée et la chaleur fait bientôt pousser les grains. Ces soucoupes et la lampe sont placées sur le devant de la crèche et y restent du 25 au 31 décembre, sauf le moment du gros souper de la veille de Noël et du grand dîner du même jour ou lampe et soucoupes sont placées sur la table avec le dessert. Le peuple croit que si la lampe vient à s’éteindre le jour de Noël, la famille perdra un de ses membres dans le courant de l’année ; il croit aussi que lorsque le blé de Ste-Barbe pousse bien et conserve sa verdure, la récolte des champs sera belle, s’il jaunit, on s’attend à de tristes moissons. Après le jour de l’an, le blé de Ste-Barbe est planté dans la terre."
Texte retrouvé par Gérard Robette-Papet et photos de JC Gosselin
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