LES CRÈCHES DE NOEL... RACONTÉES PAR AUGUSTE LAFORÊT...N° 2
25 déc. 2012*
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2) "Un article sur les divers usages qui se rattachent à la célébration, parmi nous, de la grande fête de décembre, aurait mieux trouvé sa place dans le numéro précédent de cette revue.
Nous l’avions compris, et nous comptions agir en conséquence. N’ayant pas pu exécuter notre projet, nous nous bornerons de l’usage des crèches qui, même en janvier a encore l’intérêt de l’actualité.
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En effet, quoique la fête de Noël à Marseille n’ait pas seulement le jour et le lendemain, mais qu’elle ait la veille aussi, les Marseillais ne se contentent pas, pour célébrer la fête par excellence pour eux, de ce triduo, de ces trois grandes journées ; 24, 25, 26 décembre, c’est « quarante » jours qu’ils y consacrent.
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A défaut d’un chômage que nul ne pourrait se permettre aussi long, ils continuent et reproduisent la commémoration de la naissance du Sauveur par la permanence de la Crèche sous le toit domestique, à partir du 24 décembre jusqu’au 2 février suivant.
Là, chaque soir de cette pieuse « quarantaine », enfants, parents, serviteurs, tous viennent chanter en langue provençale les noëls transmis de bouche en bouche à la génération qui arrive par la génération qui s’en va, en ayant soin toutefois de les faire précéder du cantique entonné par les anges, il y a deux mille ans, et que l’Église ne cesse de répéter dieu : "Gloire à Dieu dans le ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté "!
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Et qu’il est touchant, dans cette circonstance, le tableau toujours si touchant de la prière faite en commun, le soir, par la famille réunie.
Devant la Crèche, au premier rang, ceux qui n’ont encore vécu que de la vie du ciel, les anges du foyer, les enfants pour glorifier le Dieu nouveau-né lui offrent avec les chants de leur innocence et de leur pureté, les trépignements de joie, les battements des mains dont-ils les accompagnent.
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Plus loin, ceux qui ont vécu, hélas, de la vie de la terre, les hommes faits, les vieillards, entrevoyant déjà, dans Jésus enfant, Jésus sauveur, s’interrompent tout-à-coup et, pour obtenir la paix de leur âme, ils lui offrent leur résignation, leur bonne volonté, une larme qu’ils se hâtent d’essuyer et que vient de leur arracher la douleur secrète, le regret, peut-être le remords.
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Monstrelet, Étienne Pasquier, André Duchesne et d’autres chroniqueurs nous apprennent que Noël était le cri de joie que le peuple de Paris poussait dans les fêtes et réjouissances publiques, « principalement quand il voulait congratuler à son prince ».
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Dulaure nous apprend, en outre, dans son « Histoire de Paris » que le cri de Noël, comme manifestation de joie et de bonheur était, au XIVe, tout à fait usuel et employé dans les évènements même de la vie privée.
En énumérant les cris de PARIS, à cette époque, Dulaure rapporte que, s’il arrivait quelque malheur aux Parisiens, on les entendait, à leur porte crier :
"Aïde Dieu de maïsté Com de mal heure je suis nez ! Com par sui or mal assenez".
Ceux au contraire, à qui il était arrivé bonheur criaient : Noël, Noël !
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La Crèche suffit à notre population pour manifester les sentiments et les situations opposées ; la présence de la Crèche au foyer, c’est le cri de joie ; son absence, c’est le cri de douleur.
Oui, entrez du 24 décembre au 2 février, dans l’une des maison du quartier St-Laurent, le quartier de nos pêcheurs, le quartier le plus marseillais de notre vieille cité, si au dessus de la place où la famille prend ses repas, vous apercevez, sur une petite planche, quelques figurines de terre cuite ; un enfant de naissance couché sur un peu de paille, entre un bœuf et un âne accroupis, tout à côté , la Vierge et Saint Joseph, et, un peu plus loin, quelques bergers et leurs brebis, dites aussitôt ;
Ces braves gens ont fait la Crèche, ils sont contents, ils sont heureux, la famille est au complet.
Si au contraire, vous ne voyez rien, dites alors : La mort a visité ce toit pendant l’année qui vient de finir." ..
Texte retrouvé par Gérard Robette-Papet et Photos de Jean Claude Gosselin
A SUIVRE ...DEMAIN...