LES CRÈCHES DE NOEL... RACONTÉES PAR AUGUSTE LAFORÊT...N° 1
24 déc. 2012*
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Voici la transcription d’un article sur les Crèches d’Auguste LAFORET, membre de l’Académie de Marseille, Chevalier de la Légion d’Honneur, Juge au Tribunal de 1re Instance de Marseille.
Il dirigeait la « Revue de Marseille fondée au profit des pauvres » où cet article a été publié en 1856.
Cet article a été retouvé par notre « Passeur d'Histoire » local, Gérard Robette Papet,
Il est illustré par des photos des crèches récemment exposées dans l'église de Groffliers par le Comité d'animation de ce village, ( Photos : Jean-Claude Gosselin)
Cet article est à suivre en 6 épisodes,,,
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" S’il est une fête attendue avec impatience et célébrée avec bonheur, une fête populaire, entre toutes, à Marseille, où les fêtes sont si populaires : c’est Noël !
Noël, la fête du riche et du pauvre, du grand et du petit, du travailleur de la ville et du travailleur de la campagne, de l’enfant et du vieillard... la bonne fête pour tous...
Noël, qui parcourt la rue et s’assoit au foyer, qui dépeuple nos cercles et nos cafés, qui ferme les portes de nos théâtres, qui impose le silence à tous les bruits de nos quais et le repos à toutes les agitations de nos ports... Noël, la grande fête partout...
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Noël, encore, qui dans les bosquets de nos « bastides », dans les forêts de nos montagnes, moissonne le laurier aux baies couleur de jais, le houx couleur de corail, le laurier-thym aux touffes blanches et roses déjà épanouies, pour parer de leurs dépouilles les voûtes de nos halles, le sol de nos marchés, l’enseigne du magasin, le coin de l’éventaire, l’impériale de l’omnibus, le front des chevaux de la voiture de roulage et jette un gracieux défi à l’hiver qui vient de naître, en antidatant ainsi de quatre mois, avec ces fleurs et cette verdure, le réveil de la végétation et le retour du printemps.
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Noël aussi qui, avant l’invention des chemins de fer, avait supprimé les distances dans nos contrées, et qui, mieux que ne l’a jamais fait aucun de nos magistrats conciliateurs aux jours de ses plus heureuses inspirations, arrange les différends les plus rebelles à tout arrangement, les différends d’anciens amis, termine les procès interminables, les procès de famille.
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Noël enfin qui, sans que nos autorités s’en préoccupent, sans que nul d’entre nos songe seulement à s’en plaindre, prononce en toute vérité cette phrase, cause et souvent prétexte des scènes les plus sanglantes de la fin du dernier siècle. Cette phrase qui, même de nos jours de calme et, au besoin, d’énergique répression, amènerait d’épouvantables désordres, si on l’adressait quelques jours plus tôt ou quelques jours plus tard, à une population de 200 000 âmes: "Aujourd'hui, il y a du pain " !
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(Les boulangers de Marseille ne pétrissent pas dans la nuit du 24 au 25 décembre. C’est la seule nuit de l’année qu’ils passent loin du pétrin et ils achètent cette unique vacance en doublant leur travail la nuit précédente. Le 24 au matin, chaque ménage double sa provision de pain qu’il ne renouvelle que le 26.)
EPISODE N° 2...DEMAIN...