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Ciné-Concerts en Région
L’HOMME QUI RIT
Les 26, 27 et 28 mars 2019
à Arras, St-Pol-sur-Ternoise et Berck-sur-mer
L’un des derniers classiques du cinéma muet, mémorable adaptation du roman de Victor Hugo, accompagné au piano par Jacques Cambra.
Réalisateur : Paul Leni (The Man Who Laughs, USA, 1928, 1h50) d’après le roman de Victor Hugo, avec Conrad Veidt (Gwynplaine / Lord Clancharlie), Mary Philbin (Dea), Olga Baclanova (la duchesse Josiana)

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En Angleterre, au XVIIe siècle, Gwynplaine, un célèbre comédien ambulant défiguré lors de son enfance, est
condamné à devoir arborer en permanence un sourire forcé, ce qui lui vaut les railleries de ceux qui
l’approchent. Il voit sa vie bouleversée lorsqu’il se découvre des origines nobles…

L’Homme qui rit de Paul Leni est un mélodrame romantique à l’esthétique incomparable, à voir absolument pour la splendeur de sa photographie et l’interprétation toute en nuances de Conrad Veidt, grand acteur du cinéma expressionniste allemand.

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Paul Leni
1885-1929. Peintre-décorateur pour le théâtre devenu scénariste et interprète, il a réalisé deux films
essentiels du cinéma muet : L’Escalier de service en 1921, et Le Cabinet des figures de cire en 1924, qui l’imposent comme l’un des maitres de l’expressionnisme allemand.
Leni, par son style, a influencé de nombreux films fantastiques. Il fut aussi l’un des premiers réalisateurs allemands à rejoindre Hollywood en 1926, sollicité par Universal.

Il y a réalisé quatre films dont L’Homme qui rit, un superbe drame romantique entre « la belle » et « la bête » qui annone les grands classiques du cinéma d’épouvante des années 1920. Par sa mise en scène, une direction d’acteurs qui fait place à l’émotion, et ses magnifiques décors de studios, il livre une version allégée mais fidèle à l’esprit de l’ouvrage de Victor Hugo (qui fête ses 150 ans).


La monstruosité dans le film de Paul Leni :
Le personnage central imaginé par Victor Hugo, Gwynplaine, doit à la fois terrifier, faire rire, et inspirer de l’amour. Chez Leni, « L’homme qui rit » a une figure humaine et le visage de son interprète, Conrad Veidt, n’est pas vraiment épouvantable. Dans les années 1920, les monstres fleurissaient pourtant au cinéma et les horribles métamorphoses étaient appréciées. Il s’agit de l’une des spécificités pour cette adaptation cinématographique : le fait d’incarner le personnage dans une forme visible compromet la pluralité des expressions et effets monstrueux que son visage est censé produire.


Cela ajoute la subtilité voulue par Paul Leni, d’autant plus qu’il s’agit de l’adaptation d’une oeuvre
classique dont le spectateur connait l’histoire et les personnages. Dans son adaptation cinématographique, il évite l’écueil d’un réalisme morbide et concentre l’horreur non pas sur la défiguration de Gwynplaine mais sur les causes qui l’ont produites : les tyrans et la société monarchique.
Grâce au passage du verbal au visuel, le regard du spectateur s’émancipe de la médiation constituée
par le point de vue interne du roman, et fait directement face à la monstruosité des crimes royaux.


Gwynplaine n’est plus un monstre de foire, mais un clown accompli, le rictus qui le rend malheureux
peut devenir un large sourire de bonheur, et sa fatalité se transforme en fortune. C’est là son destin, tel que l’envisage le film de Paul Leni, mais aussi le « Happy end » sollicité par les studios d’Hollywood.
L’artiste Jack P. Pierce utilisa des prothèses dentaires pour réaliser le rictus de Gwynplaine ; une
puissance évocatrice qui a inspiré le cinéma, la comédie musicale et aussi la bande dessinée à travers le
personnage du « Joker », célèbre ennemi de Batman dans les DC Comics.

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Jacques Cambra, Pianiste, compositeur et improvisateur.

Accompagnant des films muets depuis une quinzaine d'années, il se produit en solo ou en dirigeant de petites formations. Artiste associé de l’Arras Film Festival, pianiste attitré du Festival du Film de La Rochelle, il est notamment programmé à la Villa Médicis de Rome, au Centre Pompidou, à la Cinémathèque Française et au Musée d'Orsay. Son activité de recherche l'amène à collaborer régulièrement avec les Archives Françaises du Film du CNC, Lobster Films et de nombreuses cinémathèques françaises et étrangères.
Directeur et fondateur de Fos'Note, il mène des projets internationaux avec les Instituts Français et des Ambassades (Maroc, Kosovo, Liban, Espagne, Italie, Egypte, Lituanie...), ainsi que des actions pédagogiques avec des Conservatoires de Musique et des Universités.

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